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UN FLÉAU QUI INSPIRE DE NOMBREUX AUTEURS

"Tout ce que l'homme pouvait gagner au jeu de la peste et de la vie, c'était la connaissance et la mémoire."
                                                                    Albert Camus

Représentation de la fable Les animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine.

 

La peste comme de nombreuses autres épidémies a nourri la littérature.

 

En effet, les auteurs ont souvent tenté de représenter au plus juste ce fléau au sein de leurs œuvres. Ainsi, leurs  écrits, pourtant fictifs pour la plupart d’entre eux, ont su apporter au lecteur de riches renseignements. Des renseignements réalistes en ce qui concerne, tout particulièrement, les réactions humaines et sociales en temps de pandémie.

 

De plus, on peut dans de nombreux cas, observer des valeurs symboliques  reliées à cette maladie dans des œuvres aussi bien artistiques que littéraires.

 

Ainsi, de nombreux auteurs reconnus se sont penchés sur cette épidémie tant redoutée par les populations.

 

1. Sophocle, Œdipe Roi (Ve siècle av. JC)


Tout d’abord, la notion de pandémie a pris sa dimension mythologique et littéraire dans les tragédies grecques dès l’Antiquité.

 

On peut se pencher sur Sophocle, grand dramaturge du V siècle avant JC, avec sa pièce Œdipe Roi où celui ci fait de la peste accablant Thèbes un prétexte qui permet au destin fatal d’Œdipe de se réaliser, mais aussi une métaphore de la violence se répandant dans la ville de façon extrêmement contagieuse.

 

 

2. Jean de La Fontaine, Les Animaux malades de la peste (XVIIe siècle)

 

Cette même peste sera reprise quelques siècles plus tard par Jean de la Fontaine, dans sa fameuse fable « Les Animaux malades de la peste » où il y fait référence à l’Achéron, le fleuve des Enfers, frontière du royaume de morts.

 

Ce n’est qu’au quatrième vers que le mot « peste » fait son apparition (« La peste, puisqu’il faut l’appeler par son nom(…) ») après avoir été d’abord décrite en tant qu’ « Un mal qui répand la terreur/ Mal que le ciel en sa fureur/ Inventa pour punir les crimes de la terre ».

 

Ce fléau est alors présenté comme punition de Dieu envers les pêcheurs. Le « plus coupable » (l’âne condamné par honnêteté) y est alors sacrifié pour le bien de la communauté.

 

La peste est, dans la fable de La Fontaine présentée comme une allégorie de l’hypocrisie et fait penser à un univers de corruption « Selon que vous serez puissant ou misérable, /Les jugements de la Cour vous rendront blanc ou noir ».

3. Albert Camus, La Peste (1947)

 

Dans une de ses œuvres les plus connues, Albert Camus présente, quant à lui, ce fléau envahissant la cité algérienne d’Oran comme une allégorie de la guerre.

 

Camus y décrit notamment les conséquences qu’a la maladie sur la société de l’époque : « C’était le moment où l’évolution de la maladie provoquait des déménagements constants dans la ville », « Mais on n’attend plus à force d’attendre, et notre ville entière vivait sans avenir », « (…) les autorités ecclésiastiques de notre ville décidèrent de lutter contre la peste par leurs propres moyens, en organisant une semaine de prières collectives».

 

Il y fait une évocation symbolique du mal et de la lutte contre le mal présentant alors un roman sur les croyances et les faibles pouvoirs des hommes. Pour en savoir plus, consulter notre article sur les valeurs symboliques de la peste. 

 

Cette peste oblige chacun à se questionner sur sa propre fin et sur la condition humaine en général. « Nous sommes tous des condamnés à mort ».

 

Camus  fait volontairement  le choix de s’effacer dans son œuvre en laissant son personnage principal, le docteur Rieux, nous raconter la peste. Cependant le lecteur peut être surpris de découvrir la réelle identité du narrateur dans le dernier chapitre de l’œuvre.

 

Camus en fait un chroniqueur, personnage objectif face à ce fléau relatant uniquement les faits qu’il a lu, entendu ou vu lui-même. L’auteur n’hésite pas à montrer tous les aspects de la peste, présentant un roman extrêmement réaliste et franc; ainsi il parle même de la peste qui touche les plus innocents tels que les enfants, décrivant ce fléau comme une maladie sans pitié.

 

« Non, mon Père, dit-il. Je me fais une autre idée de l’amour. Et je refuserai jusqu’à la mort d’aimer cette création où des enfants sont torturés » (Rieux). Cette réplique est une des principales raisons pour lesquelles Camus appelle alors La Peste « son livre le plus anti-chrétien ».    

 

 

4. José Saramago, L’Aveuglement (1995)

 

D’autres auteurs encore plus récents ont eux aussi choisi de présenter cette maladie tant redoutée dans leurs oeuvres. Ainsi, l’écrivain portugais José Saramago décrit la peste comme un fléau détruisant peu à peu tous liens sociaux et humains au sein d’une ville anonyme.

 

Son roman peut être fortement relié à la pièce Rhinocéros de Ionesco. En effet, seule une femme échappe à l’épidémie massive et se présente comme le seul témoin d’une société livrée à l’égoïsme contagieux.

 

 

5. Antonin Artaud, Le Théâtre et la Peste (1938)

 

Certains auteurs choisissent, toutefois, de représenter une forme positive de la peste tels que l’écrivain Antonin Artaud (1896-1948) qui en, 1938, dans son texte extrait du Théâtre et son double présente la peste comme une rédemption et la compare au théâtre : « Le théâtre est comme la peste on en meurt ou on en guérit «purifié », c’est un révélateur dans la cité».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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