La peste : du fléau au symbole

 

 

 

    On la retrouve dans un passage de la Bible, lors de la description des symptômes et des ravages de la maladie qui touche les Philistins par Samuel (I, 5-6).

 

« Car il y avait dans toute la ville une terreur mortelle; la main de Dieu s'y appesantissait fortement. Les gens qui ne mouraient pas étaient frappés d'hémorroïdes, et les cris de la ville montaient jusqu'au ciel. »

 « Faites des figures de vos tumeurs et des figures de vos souris qui ravagent le pays, et donnez gloire au Dieu d'Israël: peut-être cessera-t-il d'appesantir sa main sur vous, sur vos dieux, et sur votre pays. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                            

   

 

 

 

     

     Dès cette époque, la maladie apparaît comme un fléau, comme le montrent les expressions « terreur mortelle » « ravagent votre pays » mais aussi à travers certains ouvrages antiques tels que Œdipe Roi  de Sophocle, écrit en 430 avant JC, et qui relate le comportement des Athéniens après une épidémie de peste.
On appris plus tard que cette pandémie était en réalité une épidémie de typhus, mais nommée "peste" car ce mot désignait alors tous les fléaux.

 

      De même, Camus rappelle dans La Peste des épisodes de différentes pandémies dans l'histoire,  et l'horreur de ces souvenirs :

« (…) les vieilles images du fléau, les bagnards de Marseille empilant dans des trous les corps dégoulinants, (…) les charrettes de morts dans Londres épouvanté, et les nuits et les jours remplis, partout et toujours, du cri interminable des hommes. »

 

 

     La tragiquement célèbre Peste Noire, débutée au Moyen Âge (XIVème siècle) et qui se termina au XVIIIème, causa près de 50 millions de morts, dont 20 millions par la peste pulmonaire entre 1346 et 1353, décimant ainsi plus d’un tiers de l'Europe. Toutefois, il se peut que d'autres maladies que la peste aient participé à ce bilan.
 

Partie d'Inde, elle atteignit les Européens à la suite d’un siège de troupes mongoles à Caffa, dans la mer Noire et se propagea ensuite à Constantinople, Marseille, et quelques ports italiens dans les années 1340 pour toucher l’ensemble du pourtour méditerranéen, de l’Espagne à l’Egypte.

 

Elle a été décrite par les chroniqueurs de l’époque comme décimant une grande partie de la population pendant six mois, puis s’éloignant ravager d’autres pays. Elle fut particulièrement catastrophique à cette époque car elle était véhiculée non seulement par les puces de l’homme et du rat, mais aussi par le pou du corps. 

 

Incontrôlable, ce fléau était perçu au sein des sociétés comme une punition de Dieu pour châtier les hommes : on inventa alors des remèdes improbables comme des punitions collectives (flagellations, prières…) en espérant la pitié de Dieu.

 

   

     Malgré les progrès d’hygiène et de médecine, il existe encore de nombreux foyers d’infection dans le monde, en particulier dans certaines parties d’Asie, d’Afrique et d’Amérique.

Et pourtant, nous la considérons aujourd’hui comme une maladie du passé, totalement disparue.  

 

               Comment la peste, autrefois un fléau dévastateur, est-elle devenue un symbole universel de terreur?