Apolline Roesch et Camille Jourdain,
Section S
La peste : du fléau au symbole
LES DIFFÉRENTES FORMES DE LA PESTE
a) La peste bubonique
La peste bubonique est la forme la plus courante de la peste. La maladie résulte d’une piqûre d’un ectoparasite infecté (principalement des puces).
Le germe se fixe sur les muqueuses du tube digestif de la puce pour éviter d’être expulsé par des phénomènes mécaniques (toux…).
Il se développe alors jusqu’à bloquer son appareil digestif, si bien que lors d’une piqûre, la puce ne peut avaler le sang.
Toutes les espèces de puces ne présentent pas ce phénomène de blocage, et sans lui, la contamination n'aurait pas lieu.
La bactérie se répand dans tous les organes et dans 80% des cas, la victime succombe.
Pour plus de détails, voir la transmission du bacille.
Schéma du cycle de transmission du bacille de la peste
La maladie est donc assurée par l’enfoncement du bacille dans la plaie lors de la piqûre.
En fin de maladie, les tissus sont parfois infectés ce qui provoque une gangrène des extrémités des membres, soit le noircissement de la peau. C’est à partir de ceci qu’est né le nom de Peste Noire .
Il existe deux sortes de puces susceptibles de contaminer l’Homme :
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Xenopsylla cheopis est la puce spécifique du rat, mais elle peut accidentellement piquer l'homme.
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Pulex irritans est la puce de l’homme : elle assure la transmission d’homme à homme. Cependant, elle est toujours moins efficace que Xenopsylla cheopis pour transmettre la maladie à l’homme.
​La maladie se décompose en plusieurs étapes :
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Incubation pendant 1 à 6 jours : le bacille pénètre dans l’organisme et se développe.
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Invasion brève pendant 1 à 2 jours : Symptômes malaise, frissons, fièvre du malade. Le bacille gagne le ganglion le plus proche par le système lymphatique. La plupart du temps, ce sont les ganglions axillaires (sous les aisselles), cervicaux (dans le cou), ou inguinaux (au niveau du pli de l’aine).
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Période d’état : inflammation des ganglions infectés par le bacille : c’est ce qu’on appelle les bubons. Au début fermes et arrondis, ils sont ensuite noyés dans la péri-adénite et ils deviennent très douloureux.
Xenopsylla cheopis
Pulex irritans
Schéma des différents ganglions dans l'organisme
Flaubert et Camus décrivent avec justesse les effets de la peste sur la population et la virulence de cette maladie :
"Une femme qui hurlait à la mort, les aines ensanglantées, se tournait vers lui" La Peste, Camus
" Etendu sur un lit, le cadavre était nu, et le sang suintait encore de ses blessures ; la figure était horriblement contractée, ses yeux étaient ouverts et tournés du côté de Garcia " La peste à Florence, Flaubert
"A l'allure où la maladie se répand, si elle n'est pas stoppée, elle risque de tuer la moitié de la ville avant deux mois".
La Peste, Camus
b) La peste pulmonaire
La peste pulmonaire est une forme moins courante de la peste mais très dévastatrice. En effet, un individu atteint de cette forme de peste meurt très rapidement.
La peste pulmonaire diffère de la peste bubonique car l'individu n'est pas infecté par une puce qui lui transmet le bacille mais par des aérosols, fines particules dans l'air, délivrés lorsqu'une personne atteinte de peste pulmonaire ou pulmonaire secondaire tousse.
Ces aérosols contiennent le bacille et entrent dans l'organisme de l'individu proche par voie orale. Le bacille se propage alors dans les poumons. Ainsi, le malade a très rapidement du mal à respirer et meurt.
Les symptômes de la peste pulmonaire: pneumopathie avec fièvre, toux, détresse respiratoire, hemorragies sous-cutanées et collapsus cardio-vasculaire.
Schéma de la transmission de la peste pulmonaire par aérosols
d) La peste septicémique
Il ne s'agit pas d'une forme de peste à proprement parler, en effet la peste septicémique est la phase terminale de toute forme de la maladie. On dit qu'un individu est atteint de peste septicémique lorsque son organisme entier est infecté par le bacille Yersinia Pestis, juste avant sa mort.
c) La peste pulmonaire secondaire
La peste pulmonaire est dite secondaire s'il s'agit d'une ancienne peste bubonique qui s'est transformé peu à peu en peste pulmonaire.
Celle-ci, à la différence de la peste pulmonaire primaire, n'est pas causée par l'aspiration de particules fines dans l'air mais par une propagation du bacille dans tout l'organisme et particulièrement dans les poumons.
Une fois l'agent étranger dans les poumons, l'individu malade de peste bubonique présente toutes les caractéristiques d'une peste pulmonaire à la seule exception que cette troisième forme n'a pas été transmise par des aérosols.
A nouveau, Camus décrit cette nouvelle forme de peste :
"Les habitants accusaient le vent de transporter les germes d'infection"
"C'était la peste, et ce n'était pas elle"